LAZY LESTER: Yes Indeed (2020)
Ce concert a été capté en 2003 au Festival Musique de la Nouvelle Orléans à Périgueux et ne sort que maintenant. Lazy Lester est décédé en août 2018 à l’âge de quatre vingt cinq ans, ce qui est un beau score. Mais notre bonhomme portait bien son surnom de Lazy. Selon les spécialistes, cet excellent bluesman aurait été bien plus connu s’il n’avait pas été aussi paresseux avec sa musique. Quoiqu’il en soit, ce show rend hommage à son talent et aussi à la qualité de son groupe accompagnateur, à savoir le brillant Benoît Blue Boy et ses Tortilleurs. Il faut également souligner la participation à l’orgue Hammond du Gallois Geraint Watkins (qui s’est notamment illustré au piano avec Dave Edmunds et Crazy Cavan and the Rhythm Rockers). En gros, Lazy Lester alterne principalement deux types de morceaux. D’un côté, des blues rapides teintés de rock’n’roll comme « I made up my mind » ou « Tell me ». De l’autre, des blues paresseux à la mode de la Louisiane que l’on pourrait qualifier de « swamp blues » (« A string to your heart », « What you want me to do », « Patrol wagon blues »). Il faut ajouter à cela un rock cajun (« Ya Ya »), une ballade bluesy à la sauce de la Nouvelle Orléans (« Irene ») et un instrumental jump blues/rock’n’roll (« Back à la maison »). Mentionnons également deux reprises bien choisies : « Your cheatin’ heart » du légendaire Hank Williams et le classique « I’m a man ». Côté musiciens, la section basse/batterie a bien compris ces tempos alanguis, presque « endormis » typiques du style louisianais. Le guitariste Stan Noubard Pacha intervient sobrement mais efficacement et notre Benoît Blue Boy reste fidèle à son art en tirant de son harmonica des phrases échappées des bayous. Quant à Lazy Lester, sa rythmique lancinante à la guitare ainsi que sa voix chaude et profonde emmène l’auditoire à travers les sombres marais du pays cajun. Les spectateurs de ce concert ont dû passer un sacré bon moment. C’est maintenant à notre tour grâce à la magie de l’enregistrement. Un disque très sudiste, non par la forme mais par l’esprit et l’ambiance qui s’en dégage.
Olivier Aubry